Les émotions

Pendant les quelques beaux jours estivaux passés si vite, j’en ai profité pour aller faire une promenade méditative dans la campagne. En d’autres termes, j’ai laissé mes pensées vagabonder librement !

Ce qui peut se passer avec ce genre de « balade des pensées », c’est que parfois celles qui remontent ne nous font pas forcément plaisir. Et ce jour-là, un souvenir, dont j’aurais préféré qu’il reste dormant, m’est revenu.

Il y a quelques années, dans le cadre de mon activité professionnelle, il s'est passé quelque chose qui m'a vraiment mise en colère. En fait, je n'ai pas décoléré pendant trois jours. D'aussi loin que je me souvienne, je n'avais jamais ressenti une telle rage. J’étais fâchée, courroucée, indignée, exaspérée, irascible et pleine de ressentiment.

Vous voyez le topo :

A cette époque, ce qui m'avait le plus interpellée, ce n’est pas tellement que je ne me rappelais pas d’avoir jamais été aussi en colère, mais qu'en fait, je ne pouvais pas me souvenir d'une seule fois où je me sois vraiment mise en colère auparavant.

Ah bon, c’est possible ça ? Moi qui râle et exprime mon mécontentement assez facilement, ça m’étonne…

J’ai commencé à me creuser un peu plus les méninges, il y avait surement une fois ou deux où je m’étais vraiment emportée ??? Eh bien non, pas dans un passé plus éloigné que l’incident qui venait de me revenir...

Et là, j’ai réalisé que j'avais toujours eu peur de laisser éclater quelque courroux que ce soit, et que mon ire n'avait jamais pu vraiment s'exprimer.

Oui, dans ces moments-là, je puise dans le vocabulaire moyenâgeux qui a tant d’allure, et que j’affectionne !

Je me suis donc interrogée : est-ce à dire que tout au long de ma vie, rien ne m'a jamais contrariée au point de me mettre en colère ?

Voilà qui ferait de moi un être exceptionnel !!! Sainte Sylvie réincarnée en quelque sorte :

J'aurais bien aimé, c’est « stylé » d’être une sainte, non ? Oui, je pratique aussi un langage plus moderne !!!

Mais la raison est toute autre.

Jusqu'à cet incident, une partie de moi pensait qu'exprimer la colère, ça ne se faisait pas, que ce n’était pas bien élevé. Que ça pouvait être dangereux.

C'est ce que j'avais interprété des messages éducatifs reçus dans l'enfance, « rester à sa place » « ne pas faire de vague », « ne pas se faire remarquer », « rester polie et discrète » etc.

Messages que pour la plupart, j’ai renforcé au cours des années, dans un souci de congruence (l'adéquation entre ce que je crois et ce que je vis).

Oups. Une bien « belle » croyance limitante, qui non seulement ne me servait plus à rien, mais qui commençait même carrément à me desservir. Il devenait temps de m’en libérer !

Au moment de l’incident, j’avais fait appel à tout mon arsenal de techniques énergétiques, j'ai enrôlé une de mes amies praticiennes pour m'aider, et j'ai travaillé cette colère au corps, jusqu'à ce que je comprenne pourquoi elle m'avait ainsi attrapée dans ses filets.

Et quand j'ai compris son message, elle a tout simplement disparu. Comme par enchantement.

Son travail était terminé.

J’ai repensé à tout cela, lors de ma promenade, et j'ai envie de partager avec vous ce que j'ai compris alors.

Lorsque nous pensons que les autres sont plus importants que nous, nous avons tendance à accepter beaucoup (trop) de choses, même si ce n’est pas juste pour nous : ils/elles ne nous traitent pas de façon équitable, ils/elles franchissent allègrement nos frontières et envahissent notre territoire, sans que nous cherchions à les repousser.

Ben quoi, ils/elles savent mieux que nous, non ?

Nous pensons « cela ne se fait pas » de les remettre à leur place, ce n’est pas « gentil/bien élevé/etc. »

Ou peut-être pire encore « qu’ils ne se rendent pas compte », ou bien «qu’ils ne voulaient pas être méchants / désagréables / agressifs » ou encore « que c’est compliqué pour eux en ce moment, il faut qu’ils/elles relâchent la pression »

Ben voyons, en nous prenant nous comme punching-ball ?

Et nous pouvons leur trouver des dizaines d’autres excuses à « deux balles ».

Donc si je comprends bien le raisonnement, tout le monde aurait le droit d’être en colère, et de l’exprimer, sauf nous-même ? Allons donc !

Encore une fois, l’idée de tendre l’autre joue et de pardonner systématiquement, ça commence à bien faire !!!

Ça me mettrait même en colère, tiens !

Oui, tout le monde peut être contrarié, énervé, en colère, et l’exprimer, c’est nécessaire.

Mais ça ne donne pas le droit de s’en prendre aux autres qui n’y sont pour rien, mais qui ont juste eu la fâcheuse idée d’être là au « mauvais moment ».

Ces autres (dont vous faites peut-être partie) qui ont laissé faire pour toutes les (pas) bonnes raisons évoquées plus haut, qui font que certains se sont habitués à nous prendre pour cible…

Souvenez-vous que nous éduquons les autres à la façon dont ils peuvent se comporter avec nous.

En ne disant pas des choses comme « je comprends / je vois que tu es en colère, mais je n’y suis pour rien, donc ne t’en prends pas à moi », nous donnons inconsciemment permission à l’autre de se décharger de sa colère sur nous.

Mais quand nous prenons conscience que « je ne mérite pas cela », ou « je mérite plus que ça » ces mêmes choses que nous acceptions avec fatalisme peuvent déclencher notre propre colère.

Nous sommes désormais capables de reconnaître que ce qui se passe n’est pas juste, et de ne plus tout accepter !

La colère a quelque chose de très important à nous dire : ce qui se passe n’est pas juste envers nous ou quelqu'un que nous aimons.

Donc, comment faire pour utiliser la colère à bon escient ?

C’est ce que je vous propose de découvrir dans mon prochain billet d’humeur sur ce thème !

En attendant, je déclare l’officialisation et la généralisation d’une nouvelle attestation de déplacement, que chacun devra avoir sur lui/elle dans sa trousse de secours / de pharmacie / sac à mains / portefeuille pour utiliser en cas d’urgence :