Les ÉMOTIONS

E-Motion : l’énergie en mouvement

Quelquefois, nous aimerions ne pas les avoir du tout. Trop souvent, quand elles se présentent, nous voudrions les ignorer et nous ne le pouvons pas, elles ne se laissent pas faire.

Elles nous dérangent quelquefois. Elles nous assaillent souvent. Elles nous terrifient parfois. En tout cas, elles ne nous laissent jamais indifférents.

Souvent, les autres nous disent de ne pas les avoir, qu'il n'y a pas de raison, que nous ne devrions pas réagir comme ça.

Et pourtant, sans elles, notre vie perdrait beaucoup de saveur.

De quoi s'agit-il ? De nos émotions.

E Motion: E pour Energie, Motion pour mouvement.

Une émotion, c'est de l'énergie qui circule.

C'est pourquoi les émotions traversent, nous surprennent, nous ennuient, nous bouleversent... Parfois nous ne voudrions pas les avoir.

L'être humain est une créature étrange, qui pense, qui réfléchit, qui ressent.

Il a des pensées, des idées, des sentiments et des émotions. Il est rarement indifférent, et il réagit, parfois vivement.

Ce qui ne rend pas la chose facile, c'est que personne ne nous a vraiment appris comment utiliser ces émotions à notre avantage. C'est même tout le contraire.

Bien souvent, lorsque nous étions enfants, et que nous exprimions spontanément une émotion franche comme elle nous venait, que ce soit la colère, la tristesse, les pleurs, mais aussi la joie ou l'enthousiasme, on nous disait de nous taire, de faire moins de bruit.

On nous disait qu’un garçon ou une fille bien élevé(e) ne disait pas, ou ne faisait pas cela. Je me souviens encore d'avoir entendu dans mon enfance « un enfant est fait pour être vu et pas entendu »

Cela pouvait même aller plus loin. Lorsque nous exprimions une émotion comme la colère, on nous grondait, ou on nous faisait honte, ou on nous raillait, ou on nous punissait, ou encore on nous ignorait, ce qui est une chose terrible à faire à quelqu'un.

Ou encore, et ce n'est pas mieux, on minimisait notre ressenti, en nous disant qu'il n'y avait pas de raison d'avoir peur, par exemple. Ou encore que ça ne pouvait pas faire mal quand même…

C’est extraordinaire quand on y pense que les gens (nos parents ou d’autres adultes) aient ainsi nié nos ressentis en nous expliquant que nous n’avions pas raison, qu’ils savaient mieux que nous, puisqu’ils étaient grands et expérimentés.

Bonjour les messages contradictoires ! En tant qu'enfant, je fais confiance à l'adulte, qui me dit que ce que je sens n'est pas juste. Pourtant ce que je ressens parle souvent très fort ? Qui dois-je croire ? Mon ressenti, ou ceux qui semblent savoir mieux que moi ?

Bon nombre d'entre nous ont vite compris qu'il valait mieux ravaler ces émotions gênantes, que nous n'avions pas raison (ou pas le droit ?) de ressentir.

Pour garder l'amour de nos tiers référents, pour avoir leur approbation, pour ne pas être catalogué comme « difficile », nous avons ignoré nos émotions, nous avons tout fait pour ne pas les ressentir. Nous les avons enfouies.

Nous ne savions pas que ce n'est pas parce que quelqu'un d'autre ne ressent pas la même chose que nous avions tort.

Nous ne savions pas qu'en fait nos tiers référents, bien souvent sans le vouloir, nous faisaient du tort.

J’imagine que ne sachant pas eux-mêmes gérer leurs propres émotions, ils ne pouvaient pas nous apprendre.

Et il faut dire que bien souvent, les autres sont tellement touchés par ce qu’ils voient chez nous, cela résonne tellement fort en eux avec leur vécu, avec leur histoire, qu’ils ne peuvent gérer ce que cela provoque en eux.

Et plutôt que de chercher à nous aider à comprendre ce qui se passe (à la fois chez nous et chez eux), ils écartent ce qui les dérange en nous disant « ce n’est pas grave », ou « prends sur toi, voyons, enfin ! » ou encore « un peu de pudeur, arrête de te donner en spectacle ! ».

Bon ça c'est dit, et ça n'aide personne.

En fait, ils ont peur de se laisser déborder par leurs propres émotions, et dans une piètre tentative de ne pas s’y connecter, ils tentent d’étouffer ce que nous ressentons et qui, d’une certaine façon, les met en danger.

Bien souvent, notre entourage n’était pas en mesure de nous dire « ce n'est qu'une émotion. Tu as le droit de ressentir tout ce que tu ressens. Ne résiste pas, prends le temps de ressentir ce qui se passe. Exprime ce que tu ressens. Et prends le temps d’écouter ce que cette émotion a à te dire, car elle a un message pour toi»

Eh oui, parce que lorsque vous laissez une émotion s'exprimer, qu'elle a pu exprimer ce qu'elle voulait vous dire, une fois qu'elle a été entendue, elle s'en va pratiquement aussi vite qu'elle était venue.

Je ne dis pas que si vous êtes en colère, il faut insulter tout le monde, frapper les gens et casser des choses.

Qui a dit « ça ferait du bien parfois » ?

Peut-être sur le moment, je vous l’accorde, mais après ? Cela risquerait de créer des « dommages collatéraux » et ne vous apporterait pas le résultat souhaité de toute façon.

Ce que je veux dire c'est qu'il est primordial de trouver un moyen de ne pas garder en vous cette émotion, de ne pas l’enfouir au plus profond pour ne pas avoir à la gérer.

Si vous l'ignorez, cela ne va pas lui plaire. Et elle reviendra, encore et encore, de plus en plus forte, jusqu'à ce que vous ne puissiez plus la contenir. Et là encore, cela risque de faire des dégâts, pour les autres, et aussi et surtout, pour vous-même.

Je sais qu'en ce qui me concerne, la colère est une émotion que je ne me suis pas permis d'exprimer pendant très longtemps. L'éducation, les habitudes, les « que vont penser les gens »etc. Bref, conditionnement très efficace !

Et puis, j'ai décidé de lâcher cela. Aussi bien l'interdiction que je m'étais posée à moi-même, que l'émotion en elle-même.

Et c'est amusant (ou pas), je n'ai jamais eu autant d'occasions de m’énerver et de me mettre en colère que ces derniers temps !. Comme si je voulais rattraper le temps perdu...

Je m'énerve, je « monte dans les tours », je ronchonne, je râle toute seule.

Ma fille, Laura, a même inventé un mot pour moi, elle dit que je suis un « ralorchon », mélange de râleur et de ronchon.

Et oui, c’est vrai, je ralorchonne beaucoup. Je réagis très vite à chaud, mais j'évite de me prendre la tête avec la, ou des personnes, concernées. Ce serait une mauvaise idée. Parce que c'est la colère qui parlerait, et elle est beaucoup moins diplomate et civilisée que moi. En fait, elle pourrait me faire dire de grosses âneries, que je devrais rattraper après. Alors, merci, mais non merci.

Mais quand je me donne la permission de ressentir la colère, que je m’énerve toute seule, en quelques instants ça retombe, aussi vite que c’était monté.

Parce qu’une fois « la haut » drapée dans ma dignité outragée, tendue comme un arc et vibrante de colère, je me rends compte que tout cela n’est guère confortable. Ça fait mal partout, aux épaules, dans le dos, et psychologiquement, ce n’est pas mieux.

Et là, je peux choisir.

Choisir de rester en colère, parce que je peux, et que j’ai le droit. Ce que je fais parfois, pour le principe. Non mais, quand même. Et puis parce que c'est rigolo aussi...

Ou choisir de voir que cela me fait plus de mal que de bien, et choisir de libérer la colère.

D’ailleurs, à partir du moment où elle a pu s’exprimer, où elle s’est sentie entendue, la colère est prête à partir. L'énergie veut circuler.

Circulez, y'a plus rien à voir, pour paraphraser ce philosophe populaire du XXème siècle qu'était pour moi Coluche.

Une fois la colère ressentie et évacuée, je suis tout à fait à même de gérer la situation qui a provoqué mon courroux, et d'exprimer courtoisement et fermement ce qui ne va pas. C'est dit, c'est acté, et ça ne part pas dans tous les sens.

Ensuite, il reste à comprendre ce que cela a réveillé en moi, et de faire un travail pour m'en libérer, en utilisant un des outils dont je dispose. Et oui, ce n'est jamais fini, mais c'est de plus en plus facile.

L'essentiel à retenir de tout cela, est que l'émotion est toujours légitime par rapport à nous.

Il n'y a pas de bonnes émotions ou de mauvaises émotions, il n'y pas d'émotions positives ou d'émotions négatives. Il y a juste des émotions. Il y a juste de l'énergie bloquée qui veut circuler librement.

Et plus c'est fort, plus le message est important, comme l’a écrit René Chicoine :

Ne laissez pas les autres vous dire qu'il n'y a pas de raison de ressentir ce que vous ressentez, ou que c'est mal, ou que vous ne devriez pas, ou que sais-je encore.

C'est leur carte du monde qui s'exprime, pas la vôtre. Ils ont le droit de ne pas comprendre ou de ne pas approuver.

Mais même si vous les écoutez, cela ne changera rien à ce que vous ressentez vraiment de toute façon. Même si en apparence vous leur donnez raison.

Vos émotions vous appartiennent, et il n'est pas nécessaire que les autres les comprennent ou soient d'accord, ce qui compte, c'est que vous soyez en accord avec vous-même.

Et exprimer vos émotions et vos ressentis fait partie de ce que la psychologie énergétique appelle le « processus de paix personnelle ». Etre en paix avec soi-même, et les autres, n'est-ce pas ce que nous recherchons tous, d'une façon ou d'une autre ?

Et comme a dit un jour ma fille, (quelle source d’inspiration), à qui je proposais de travailler sur ses émotions bloquées : « Libérons les émotions! » comme un slogan de manifestation.

Quelle belle idée !

Dans un prochain post, je vous proposerai de travailler un peu plus sur ces émotions et leur message…

Et pour finir, je vous laisse méditer sur cette idée de CH Parkhurst :