Choix

Aussi invraisemblable et peu pratique que cela paraisse, il est possible de choisir toutes les 10 secondes. C’est même souhaitable.

J'en entends déjà certains dire : « allons bon, qu'est-ce qu'elle a encore inventé ? » Comment pourrait-on choisir quelque chose de différent toutes les dix secondes ? On ne ferait plus que ça, on n'aurait plus de temps pour rien d'autre !

Permettez-moi de ne pas être d'accord.

Non seulement nous le pouvons, mais nous le faisons déjà. Si, si.

Par exemple, je suis dans mon bureau, en train de travailler, et j'ai envie d'une tasse de thé. Je me lève pour aller à la cuisine, je fais chauffer l’eau, je préparer le filtre avec mon choix de thé de l’instant, et au moment de verser l’eau chaude, je me rends compte qu’en fin de compte, je n’en ai plus envie.

J’ai fait deux choix totalement différents en quelques secondes.

D’accord, sur ce sujet précis, cela ne change pas la face du monde, ce n’est pas très important.

C’était juste pour introduire mon propos.

Passons à d’autres niveaux de choix, plus profonds, qui ont un autre impact sur nos vies.

Quand vous continuez à faire quelque chose qui ne vous plaît plus, quand vous continuez à agir d'une façon qui ne vous va plus, parce que vous avez pris la « décision » de le faire à un moment, quand vous n'avez plus envie de tenir une promesse faite un peu trop tôt ou un peu trop vite, vous faites un choix toutes les 10 secondes.

Le fait de « tenir bon » ou de « tenir son engagement » est un choix que vous renouvelez inconsciemment et sans cesse.

Donc toutes les 10 secondes.

Oui, vous faites et refaites inconsciemment le même choix, encore et encore, sans jamais le remettre en question.

Parce que vous avez toujours fait comme ça.

Parce que c’est ce qu’on vous a appris.

Parce que vous n’avez pas conscience que vous pourriez faire autrement.

Ça s’appelle être sur pilote automatique. C’est une des conséquences de ce conditionnement que l’on nomme « éducation »

On vous a probablement appris que quand vous vous engagez à faire quelque chose, vous devez aller jusqu’au bout.

On vous a appris que vous devez être une personne de parole, pas une girouette.

On vous a appris que vous n’aviez pas le droit de changer d’avis, parce que des gens comptent sur vous et que vous n’avez pas le droit de les décevoir.

Donc, vous pensez ne pas pouvoir revenir en arrière.

Imaginez que quelqu'un vous demande de lui donner un coup de main pour son déménagement dans un mois.

Vous êtes serviable, vous aimez bien cette personne, vous êtes partant(e) et vous dites oui sans hésiter.

Seulement, vous avez oublié une toute petite chose... Trois fois rien.

C'est maintenant que vous seriez prêt(e) à le faire, au moment où la personne en question vous le demande. Vous vous voyez déjà en train de porter des cartons et des meubles.

Mais qui peut dire si vous serez encore dans les mêmes dispositions dans 4 semaines ? En aurez encore envie ?

Mais voilà, revenir sur votre promesse est particulièrement mal vu.

Et vous n’avez pas envie d’entendre une litanie de reproches « mais tu m’avais promis, je comptais vraiment sur toi, tu ne peux pas me laisser tomber maintenant » et autres joyeusetés qui vont vous faire culpabiliser.

Entre nous, ne le répétez pas, mais c’est fait pour.

Les gens le font parce que ça marche !

Je vous l'accorde, c'est bien souvent inconscient, ils ne le font pas parce que ça leur fait du bien de vous faire culpabiliser. Mais c'est aussi une sorte de pilote automatique, une réaction pr défaut.

Et comme vous n’aimez pas vous sentir coupable, que vous voulez être vue(e) comme une personne fiable, vous le faites, à contre cœur, parce que vous « n'avez pas le choix, vous avez promis, vous vous êtes engagé à le faire, vous ne pouvez pas leur faire ça »

Non, c’est sûr. Vous ne « pouvez pas leur faire ça ». Ce n’est pas bien.

Mais vous pouvez vous le « faire » à vous. Après tout ce n’est pas « grave ».

Vraiment ? Pas « grave »? Vous êtes sûr(e) ?

En un mot comme en cent, je n’irais pas par quatre chemins, je vais être directe avec vous, je vais vous le dire comme je le pense, je vais arrêter de tergiverser… (Merci à Coluche pour son inspiration !)

Dire « ce n’est pas grave » c’est de la rationalisation.

En psychologie, rationaliser est un mécanisme de défense par lequel on justifie des comportements discutables, en donnant des explications qui semblent rationnelles, pour éviter de se confronter à la vérité, et rendre la situation plus tolérable. C’est en fait une erreur de raisonnement, une recherche d'excuses.

Quand vous rationalisez, vous trouvez toutes les « bonnes » raisons de justifier le maintien d’un choix qui ne vous convient plus. Vous cherchez à vous convaincre vous-même.

Alors que en fait :

Et oui, cette promesse un peu rapide, pourrez-vous l'honorer ? Avez-vous réfléchi à ce que cela impliquait avant de la faire ?

Bien souvent, non.

Vous avez dit oui sans vraiment y penser, encore une fois parce que s'il avait fallu le faire tout de suite, vous l'auriez fait volontiers.

Mais le temps passe, et vous vous rendez compte que vous n'avez pas envie, mais vous vous êtes engagé(e).

Alors vous refaites le choix toutes les 10 secondes, et vous le justifiez par des « ça ne me dérange pas, je peux le faire », ou des « j'ai promis, je ne peux pas me désister maintenant »

Sans parler des « mais pourquoi j'ai dit oui ? Je n'ai pas réfléchi, maintenant je n'ai pas le choix, je dois le faire »

Donc au sentiment d'être coincé et à la frustration s'ajoute la colère contre vous-même.

Bof, quoi.

Dans le prochain post, je partagerais avec vous des solutions que j'ai trouvées pour m'alléger la vie.

Parce que je dois le dire, j'étais la championne toutes catégories du « je ne peux pas lui/leur faire ça » et du « ce n'est pas grave, ça ne me dérange pas, je peux le faire »

Drôle de choix, non ?