Changement ou transition ?

Notre société a tendance à confondre changement et transition. Comme si ces deux mots étaient synonymes.

Mais ce n’est pas le cas.

Un changement peut être de nature très diverse, et d’intensité différente : déménager dans une autre ville, changer d’école ou prendre un nouveau travail, changer de lieu de travail en restant dans la même boite, avoir un nouveau responsable hiérarchique (alors qu’on s’entendait si bien avec le précédent). Ce peut être un heureux événement comme la naissance d’un enfant ou un évènement tragique comme la mort d’un proche. Et la liste est longue.

Cela peut être léger, et se passer relativement en douceur ou tout bousculer dans votre vie. Il peut être souhaité ou subi. Mais quel qu’il soit, un changement est toujours situationnel, il est en rapport avec quelque chose qui se passe ou qui vous arrive.

La transition est psychologique. Ce n’est pas un événement, même si elle est provoquée par ce qui se passe. C’est une réorientation interne, qui va vous amener à redéfinir qui vous êtes. Il est nécessaire de passer par là pour intégrer tous ces changements dans votre vie.

Sans transition, un changement c’est juste comme changer les meubles de place dans votre salon. Ça ne change pas grand-chose au fond, les murs et les meubles sont les mêmes, mais vous pouvez avoir l’impression d’avoir un nouvel intérieur. Ou encore changer de coupe de cheveux ou de lunettes pour changer de look, cela reste en surface.

Sans transition, le changement ne fonctionnera pas, il ne « prendra » pas.

Notre société moderne, dite évoluée, parle beaucoup de changement (c’est un concept à la mode) mais rarement de transition. C’est bien dommage parce si nous ne comprenons pas l’importance de faire la transition, c’est là que les problèmes commencent.

Par exemple, beaucoup de gens s’imaginent qu’ils se préparent totalement pour la retraite en prenant des décisions financières, en choisissant un endroit pour vivre et en développant de nouveaux centres d’intérêt pour s’occuper. C’est bien, et c’est utile, (ce ne sont pas mes amis assureurs qui vont dire le contraire) mais ce n’est pas suffisant.

S’ils n’ont pas conscience des trois phases incontournables de la transition qui doivent prendre place pour que le changement se déroule comme il se doit, ils vont avoir beaucoup de mal à gérer la nouvelle situation.

Les sociétés dites archaïques ou traditionnelles ont depuis des siècles porté beaucoup plus d’importance à la transition que nous l’avons fait.

Ils ont préparé leurs membres en instaurant des rites de passage, qui aident les individus à passer d’un chapitre de leur vie à un autre.

Ils ont aussi expliqué à leurs enfants, dès leur plus jeune âge, qu’il y aurait des transitions à certaines époques de leur vie, et comment cela se passerait. Ils ont vu les autres faire, ils ont intégré l’idée. Donc quand leur tour est venu, ils étaient prêts, ils n’ont pas été surpris, ils ne se sont pas sentis pris au piège.

Ce n’est pas le cas pour la plupart d’entre nous dans notre société « moderne ».

Si je peux me permettre une analogie, c’est comme si nous n’avions aucune conscience des saisons pendant l’année. Bien sur, nous remarquons qu’il fait plus froid ou plus chaud, plus sec ou plus humide, mais nous ne replaçons pas ça dans une vision plus large.

Les sociétés traditionnelles ont toujours enseigné ce qu’était la transition, y compris au niveau des changements de météo, en adoptant des rituels saisonniers, pour indiquer que les jours raccourcissent ou rallongent, ou le moment où une année s’arrête et une autre commence.

Bien sûr nous célébrons le 31 décembre pour fêter l’arrivée de la nouvelle année, mais en fait c’est pour beaucoup juste l’occasion de faire la fête, il n’y a pas de prise en compte du fait qu’une année meurt et une autre nait.

Alors, pour la nouvelle année, on prend de bonnes résolutions, qu’on abandonne bien souvent avant la fin du premier mois de la nouvelle année.

On espère que la nouvelle année sera meilleure que la précédente (surtout avec ce que nous avons vécu depuis 2020) et puis on repart dans nos habitudes, c’est juste un chiffre qui a changé sur la date qu’on inscrit…

Les sociétés traditionnelles ont mis en scène les processus de transition : les choses qui se terminent sont comme une petite mort, et comment les nouvelles façons de faire sont comme une naissance. Aussi dramatique que cela puisse sembler, les gens se sont ainsi familiarisés avec tout type de transition et ont appris comment les gérer.

Comme la fête des couleurs, ou fête du Printemps, HOLI, en Inde, qui célèbre la fin de l’hiver et l’arrivée du Printemps. Cette fête représente aussi le triomphe du bien sur le mal, c’est une journée pour fêter l’amour et le bonheur. Chouette programme, non ?

Mais ces concepts de mort et de vie répugnent bon nombre d’entre nous. On n’a pas envie d’en parler ni même d’y penser. On sait que ça se passe, mais on verra ce qu’on fait au moment où ça arrive. Concentrons-nous vite sur autre chose.

Nous nous sommes en quelque sorte coupés du cycle de la vie, en prétendant que tout était éternel.

En fait, pour notre équilibre, il semblerait que nous ayons besoin de retourner vers ces rituels de passage, et cette façon différente de célébrer la fin et le renouveau.

Dans mon prochain post, je parlerais en détail des 3 étapes nécessaires et indispensables de la transition.