Développement personnel

Lorsque je démarre une formation avec un groupe dont les membres ne se connaissent pas, je leur propose un tour de table un peu particulier.

Je leur demande de se présenter selon des critères définis en commun (jusque-là, rien de bien nouveau) et de ne donner leur prénom (et leur nom) qu'à la fin de leur petit laïus.

La plupart du temps, ils me regardent d'un air étonné. Quand on se présente, on commence bien par décliner son identité non ?

Alors, j'explique que les êtres humains ont tendance à juger les gens, non seulement sur les apparences, mais aussi sur les souvenirs.

Ainsi certains prénoms peuvent être chargés émotionnellement.

Imaginez que vous ayez rencontré une « Sylvie » (je ne vais pas prendre le risque de me fâcher avec quelqu’un là, donc je choisis mon prénom !) qui s’est mal comportée avec vous (on ne parle pas de moi, hein, mais d’une autre !!!), qui vous a fait du mal, dont vous gardez un très mauvais souvenir.

Parfois ce souvenir est inconscient, vous ne vous en souvenez même plus de cette peste (ce n’est toujours pas moi bien sûr !).

Et puis un jour vous rencontrez pour la première fois une nouvelle Sylvie (là c’est peut être moi) et vous vous sentez tout(e) crispé(e), méfiant(e), sur vos gardes, etc.

Vous ne l’aimez pas au premier regard, elle ne vous plait pas.

Il n’y a pas de raison objective, vous venez de la rencontrer, elle n’a encore rien fait, rien dit, si ce n’est donner son prénom, et bam, vous la rejetez. Hop, à dégager.

Comme disait Coluche, « circulez, y’ a rien à voir ! »

En fait, insidieusement, votre cerveau/esprit/ego a fait une généralisation, en vous faisant croire que toutes les Sylvie sont comme celle de votre passé. Et plus la blessure a été profonde, plus votre aversion pour cette nouvelle personne va être forte.

Vous projetez instantanément votre jugement/mauvais souvenir sur cette autre personne, que vous n'écoutez même plus vraiment.

Alors que si cette personne parle d’elle un moment et termine sa présentation en disant « et je m'appelle Sylvie », vous avez eu le temps de vous former une autre « première » opinion, plus objective, et l'annonce du prénom détesté n'est plus qu'une information parmi les autres.

Vous pourriez vous dire « ah, oui, elle a a l’air sympa (là c’est sûrement de moi qu’il s’agit alors !) Ce n’est pas comme l’autre là (la personne de votre passé) ! »

Eh oui, nous avons une très nette tendance à juger les autres, sur des tas de critères tous plus subjectifs les uns que les autre : si ce n'est pas le prénom, cela peut être l'allure, l'apparence, la voix, la façon de se comporter, l’accent, etc.

Précision importante : un jugement n'est pas forcément négatif.

Dire de quelqu'un « il/elle est sympathique » est aussi un jugement. Mais nous ne l'appelons pas comme cela. Nous parlons d’opinion ou d’avis, et ça passe !

Tous ces jugements se font malgré nous, ils sont automatiques. Nous voyons quelqu’un, nous avons une opinion instantanée sur cette personne, positive ou négative, c’est comme ça. Nous ne nous en rendons pas compte la plupart du temps. Nous ne nous y arrêtons pas toujours.

En fait, nous avons appris très tôt à porter des jugements. Nous avons été beaucoup jugés dans notre enfance. Et nous avons vite compris ce qui était jugé comme acceptable et non acceptable, et nous avons appris à juger ce qui était dans la norme ou non.

Qu'il s'agisse des autres, ou de nous-mêmes.

Quand nous portons un jugement sur une personne, cela ne définit pas l'autre. C’est nous que cela définit. Oui, souvenez-vous, c’est toujours de nous qu’il s’agit.

Ce que nos jugements disent vraiment de nous n'est pas flatteur.

C’est bien souvent pas habitude, en pilote automatique.

Peut-être aussi le faisons nous pour oublier à quel point nous nous jugeons nous-même, car nous avons une bien piètre opinion de qui nous sommes (besoin d’un peu d’amour de soi ?)

Peut-être espérons-nous trouver quelqu'un qui soit pire que nous, ça nous rassurerait… Enfin le croyons-nous.

En fait, nous nous jugeons tout autant que nous jugeons les autres, voire plus et de façon encore plus véhémente.

Cela commence le matin dans le miroir de la salle de bains. Nous critiquons notre corps, sans nous rendre compte qu'énergétiquement, c’est terrible. Plus nous le jugeons, plus nous le coinçons dans l'état qui nous fait le juger.

Nous jugeons que nous ne sommes pas à la hauteur, que nous n'en faisons pas assez, que nous n'avons pas fait assez bien, que nous ne sommes pas assez bien, que... Blablabla…

La liste est bien longue pour nombre d'entre nous.

Nous nous comparons à des normes, qui nous ont été imposées dans l’enfance, nous tirons des conclusions, nous cherchons des significations et des justifications.

Et nous ne savons pas que nous pourrions remettre ces « dogmes » en question, alors qu'ils sont totalement arbitraires.

Ils représentent juste ce que d'autres personnes ont décrété ou mal. Et nous les avons crus, mais nous étions des enfants, nous n’avions pas de repère ni de cadre de comparaisons.

En fait, c’est comme si nous cherchions à nous certifier selon la norme, c’est très à la mode ça…

Nous avons cru que nous conformer à ces normes nous permettrait de faire partie intégrante et reconnue du groupe, d'être comme les autres, même quand cela ne nous convenait pas, et que nous n'y arrivions pas.

Ce pour quoi nous jugeons aussi : comment se fait-il que nous n'y arrivions pas, quand cela semble tellement facile pour tous les autres ?

Peut-être que cela ne l'est pas pour les autres non plus. Mais nous n'en savons rien, nous sommes trop occupés à nous juger et à nous critiquer pour aller le leur demander !

Encore une fois, nous croyons que de nous juger durement nous permettra de changer ce qui ne va pas, alors que cela ne peut pas marcher.

Comment créer quelque chose de positif avec du négatif ?

Ce n'est pas possible. (Oui je sais, je l’ai déjà dit souvent mais la pédagogie passe par la répétition)

Alors, que faire ?

Je vous propose de commencer par prendre conscience de tous les moments et occasions où vous portez des jugements, que ce soit sur vous-mêmes ou sur les autres ?

Mais on se calme là, hein ? Ne vous jugez pas quand vous constaterez à quel point vous le faites souvent !!! N’en rajoutez pas aussi pour ça s’il vous plait !

Prenez juste conscience de tous les jugements qui vous viennent, et ne vous y attardez pas.

Un jugement c'est juste une pensée qui se présente à vous. Une pensée parmi les milliers d'autres que vous avez chaque jour.

A ce propos, j'ai lu que nous aurions environ 60000 pensées par jour. Ah oui ?

Personnellement je serais curieuse de savoir comment ils les ont comptées ! Est-ce qu'ils ont utilisé un boulier ?

Mais ne nous égarons pas, et revenons à cette pensée qui nous passe par l'esprit.

Si vous lui accordez de l'importance, que vous lui donnez du sens, vous la solidifiez, vous lui donnez une réalité. Elle devient un jugement.

Si vous ne lui accordez pas plus de crédit qu'aux 59999 autres, elle passera comme un petit nuage blanc poussé par une légère brise dans un ciel ensoleillé (l'arrivée du printemps me rend poète !)

Pas facile me direz-vous. J'en conviens.

Et je n'ai pas dit non plus qu'il fallait monter la garde pour surveiller toutes vos pensées, ce serait un boulot à plein temps ! A moins de la faire avec classe :

Essayons d'être suffisamment conscients pour repérer nos jugement, laissons les passer, ne nous y attardons pas.

Et pour terminer, je vous propose un défi !

Deepak CHOPRA, dans « Les 7 lois spirituelles du succès » énonce dans la première loi, « la loi du pur potentiel » : aujourd'hui, je vais pratiquer le non jugement. Je vais commencer ma journée avec l'affirmation « aujourd'hui je ne vais rien juger de ce qui arrive » et tout au long de la journée, je me répéterais que je ne juge pas.

Concrètement, comment faire ?

Faites-vous un cadeau : une journée sans jugement.

Oui, je sais, vous allez surement vous juger au cours de cette journée, cela fait tellement d'années que vous le faites !

Mais à chaque fois que vous vous surprendrez à juger, que ce soit vous-même ou une autre personne, dites-vous : « ah non, ça c'est pour demain. Aujourd'hui je ne juge pas, je ne peux pas juger, c'est la journée sans jugement ! »

Et si une journée vous semble trop longue pour démarrer avec cet exercice, commencez par une heure, ou vingt minutes, ou juste quelques minutes à la suite.

Déterminez l'heure de départ, et l'heure de fin. Et quand un jugement se présente, dites-lui « ah non, pas maintenant. Reviens à (l'heure de fin prévue). Nous sommes en période de non jugement, je ne peux pas t'accorder la moindre importance » ou toute autre phrase qui vous convient. Amusez-vous, faites vous un kiff !

Faites le régulièrement, et augmentez la durée, jusqu'à ce que vous arriviez à passer une journée complète sans jugement.

Et quand vous vous surprendrez à recommencer à juger, félicitez-vous pour votre sens de l'observation, et décidez de remettre ce jugement à plus tard. Faites-vous plaisir, vous pouvez procrastiner autant que vous voulez sur les jugements ! Yeah !

Ah au fait, en plus d'être amusant, ça peut être facile aussi. Si si.

Alors, on essaye ?

Et si vous avez envie de m'entendre un peu plus sur ce sujet et bien d'autres, je vais animer une série de conférences au C.A.I.R.E à Haguenau à partir du vendredi 3 avril 2020 à partir de 19 heures ! Alors rejoignez-nous ! Plus d'infos très vite !